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Climat et météo : quelle différence ?

11 minutes de lecture
Il n’est pas rare d’entendre des personnalités publiques, confondre le climat et la météo. Si les deux sciences sont relativement proches puisqu’elles s’appuient sur les mêmes phénomènes, elles se différencient principalement par 2 indicateurs : l’échelle temporelle et le périmètre géographique. Dans cet article, nous vous proposons de revenir sur les fondamentaux de la science du climat et de la science météorologique pour mieux comprendre leurs liens et leurs différences. Ce sera également l’occasion de vous donner les clés pour contrer les arguments climato-sceptiques relayés par les médias. ‍

1. Comprendre la météorologie et la climatologie

Et si on revenait aux fondamentaux ? ‍

La météorologie est la science qui étudie des phénomènes atmosphériques précis : les nuages, le vent, la pluie…Elle permet de comprendre la formation et l’évolution de ces phénomènes et de prévoir le temps qu’il fait à court terme (jusqu’à 7 jours) et sur un territoire donné. Grâce à l’étude de la météo, nous pouvons choisir les vêtements que nous allons mettre dans notre valise pour notre weekend prolongé, par exemple. La climatologie est la science qui étudie l’état moyen de l’atmosphère, c’est-à-dire la succession des conditions météorologiques sur de longues périodes dans le temps (décennies, siècles, millions d’années…). Elle s’intéresse principalement à l’étude et la classification des climats existants sur terre (désertique, polaire, tempéré, tropical humide, océanique, terrestre etc…) et traite également de l’influence du climat sur l’humanité ou l’influence de l’humanité sur le climat. Grâce à la climatologie, nous savons que l’Europe a connu une période glaciaire il y a 20 000 ans et que seuls 5 à 6 degrés nous séparent de cette période.  

Penchons-nous maintenant sur leurs différences :

  • La météo est susceptible de changer d’une heure à l’autre et d’un jour à l’autre car elle définit l’état de l’atmosphère à un moment donné et en lieu donné.
  • Le climat se réfère aux statistiques des conditions météorologiques sur une décennie ou plus.
  Pour que ce soit plus clair, Valérie Masson-Delmotte (paléoclimatologue et co-présidente du groupe n°1 du GIEC) nous propose une analogie assez parlante : ‍
Imaginez une piscine. Imaginez que les robinets sont grands ouverts, et que la piscine se remplit lentement. Si quelqu’un plonge dans la piscine, il y aura des vaguelettes. Ces vaguelettes sont l’image des fluctuations météorologiques. La montée du niveau moyen de l’eau est l’image du changement climatique. Un plongeur qui saute dans l’eau au bout de plusieurs heures provoquera toujours des vagues (qui atteindront un niveau différent), et le niveau moyen de l’eau dans la piscine aura monté (tant qu’on ajoute de l’eau dans la piscine). Dans l’atmosphère, les rejets de gaz à effet de serre piègent de la chaleur et provoquent le réchauffement du climat (cf arrivée d’eau de la piscine), et il y aura toujours des fluctuations météorologiques (les vagues). En sciences du climat, on prend en compte la perturbation du bilan d’énergie de la Terre pour simuler la réponse du système climatique à long terme et son effet sur les tendances, la récurrence et l’intensité d’évènements météorologiques extrêmes dans un climat futur (= le niveau moyen de l’eau, et l’occurrence de vagues de différentes hauteurs). La prévision météorologique utilise les mêmes modèles atmosphériques que pour les simulations climatiques, mais anticipe les évolutions à court terme (quelques jours) selon l’état initial.   Nous savons déceler la différence entre climat et météo mais nous ne savons pas encore comment les mesurer dans le temps. Les prévisions de la météo et du climat sont-elles vraiment fiables ?

 2. Mesurer l’évolution du climat et de la météo

Pour mesurer l’évolution de la météo, les scientifiques s’appuient sur des modèles mathématiques qui assimilent des données atmosphériques provenant de sources multiples et différentes (stations, satellites et radars météorologiques). La diversité des sources et la modélisation numérique permet aux scientifiques d’obtenir des prévisions souvent justes et précises sur un périmètre géographique restreint et à court terme. Pour mesurer l’évolution du climat, les scientifiques s’appuient sur les mêmes outils que les météorologues mais analysent les données sur de longues périodes. Ils utilisent les moyennes à long terme de la température de l’air et des précipitations, ainsi que les statistiques de variabilité correspondantes, comme l’écart type de la variabilité inter-annuelle des précipitations par rapport à la moyenne à long terme, ou la fréquence des journées où la température a été inférieure à 5 °C.

L’incertitude des prévisions

Il faut tout de même être lucide sur le niveau de détail possible des prévisions climatiques et météorologiques. La climatologie ne permet pas de prévoir la météo au jour le jour. « Si elle permet d’affirmer avec quasi-certitude que dans le cas d’un scénario émetteur, la dernière décennie de ce siècle sera plus chaude que la première, elle ne nous permet pas non plus de dire si l’année 2095 sera plus chaude que 2096. » Et pour la météo, les scientifiques ont besoin d’informations très détaillées sur l’atmosphère. Il suffit d’une petite erreur dans la description des conditions initiales pour que les prévisions ne soient plus fiables au-delà d’une semaine environ. C’est ce que l’on appelle l’effet papillon. Toutefois, il est incorrect de dire que nous ne pouvons pas nous fier aux prévisions météorologiques et aux projections climatiques. « Nous gagnons en moyenne un jour de prévision tous les 10 ans depuis les 30 dernières années » déclare François Lalaurette, Directeur des opérations pour la prévision à Météo France. Cela signifie que la fiabilité des prévisions à quatre jours aujourd’hui est équivalente à celle de trois jours il y a 10 ans et à deux jours il y a 20 ans. De plus, les observations climatiques d’aujourd’hui confirment les prévisions faites par nos scientifiques il y a 20 ans, comme le montre très justement le graphique ci-dessous : Nous pouvons voir que les observations en couleur (chaque couleur représente un modèle de projection différent pour être le plus objectif possible) se juxtaposent parfaitement avec les projections de température globale, représentées par la ligne noire et le bandeau gris.  

3. Décrypter les idées reçues ou comment dévier les arguments climato-sceptiques

C’est quoi le climato-scepticisme ?

Quel est le point commun entre Claude Allègre, géochimiste et homme politique français, Donald Trump, homme d’affaires milliardaire et ancien président des États-Unis et Pascal Praud, chroniqueur, animateur de radio et TV et journaliste français ? Ils confondent la météo et le climat. Ils véhiculent des idées climato-sceptiques et contribuent à semer le doute sur le dérèglement climatique à l’heure où il est urgent de passer à l’action. Pourtant les preuves d’un dérèglement climatique sont plus que palpables. Cette année par exemple, nous avons connu de nombreux événements extrêmes : épisodes de sécheresse avec 1 mois de février sans pluie pour la première fois en France, un mois de juin caniculaire avec des températures toujours plus hautes, des records de chaleurs enregistrées en Europe, 48,5°C en Sicile (température la plus haute jamais enregistrée en Europe), des méga feux au Canada… et l’été vient à peine de commencer. Ces événements, de plus en plus récurrents ont lieu dans toutes les régions du monde et montrent bien la tendance du réchauffement climatique. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus parler d’année exceptionnelle. On constate que les records de chaleurs ont tous été battus ces 8 dernières années.   Étonnamment, nous assistons aujourd’hui à une recrudescence du climato-scepticisme dans l’hexagone, avec plus de 30% des Français qui réfutent partiellement ou totalement le réchauffement climatique d’origine humaineLa proportion de climato-sceptiques a bondi de 10 points en France en l’espace de 1 an. Notons que cette pensée peut prendre plusieurs formes :
  • Le déni : les personnes nient la tendance du réchauffement et affirment qu’aucun réchauffement climatique n’est en cours. Ils sont convaincus que la tendance au réchauffement mesurée par les stations est un artefact dû à l’urbanisation autour de ces stations.
  • Le refus de l’origine humaine : les personnes reconnaissent qu’il y a une tendance au réchauffement climatique mais elles assurent que les causes en sont exclusivement naturelles. Selon elles, la plus forte concentration en CO2 dans l’atmosphère liés à la consommation excessive des énergies fossiles n’existe pas ou ne conduit pas au réchauffement de la Terre.
  • Un réchauffement bénéfique : les personnes pensent que le réchauffement climatique est inoffensif, voire bénéfique et qu’il n’existe aucun impact négatif pour l’Homme.
  Toute forme de déni du réchauffement climatique est dangereuse, encore plus si elle est médiatisée. En effet, le climato-scepticisme peut conforter les décideurs et les populations à ne pas agir, voire à revenir en arrière sur certains sujets. Il faut donc décrypter les idées reçues et tenter de répondre à leurs arguments en vulgarisant le sujet.  

Comment répondre aux personnes qui confondent météo et climat ?

Vous pouvez construire un argumentaire rapide et concis en 4 étapes :

1. Rappeler que la météo et le climat sont deux notions différentes.

La météo et le climat sont deux sciences différentes, proches mais différentes. Elles ne mesurent pas les données sur les mêmes échelles de temps et d’espace.

2. Expliquer comment on évalue le réchauffement climatique.

Les scientifiques analysent le réchauffement climatique en évaluant la température moyenne à la surface du globe (sur tout le périmètre de la Terre). Il faut donc regarder l’ensemble des données météo de la planète pour faire une estimation de la température globale de la Terre, et la comparer d’année en année pour réaliser que nous assistons à un réchauffement climatique.

3. Donner un exemple concret et déconstruire une idée reçue.

 Il peut faire froid un jour/ une semaine à New York en plein hiver et faire très chaud (plus chaud que les normes de saison) au même moment au pôle Nord, en Russie et en Europe. La météo d’une semaine à New York ne peut pas résumer à elle seule l’état du climat, ni justifier un déni du réchauffement climatique.

4. Mettre en évidence le consensus scientifique. 

Aujourd’hui, nous sommes sûr que le climat s’est réchauffé de manière anormale depuis le XIX è siècle et qu’il est lié aux activités humaines. Le GIEC l’a rappelé dans son dernier rapport : l’utilisation massive et exponentielle des énergies fossiles pour notre quotidien a provoqué le réchauffement climatique. Pour avoir plus de billes face aux arguments des climato-sceptiques, nous vous recommandons le média Bon Pote et la page le diner du siècle   Maintenant vous savez !

Sources

‍ Article Bon Pote, Comment ne plus confondre météo et climat, 21 avril 2021 Futura sciences, Prévision météo : combien de temps à l’avance peut-on prévoir le temps ?, 24 juillet 2022 Wikipedia, climato-scepticisme Bon Pote, Le Diner du siècle, 2022-2023 National Geographic, 37% des Français se considèrent climato-sceptiques, 22 juin 2023 Witkowski, D., & Boy, D. (2023). Une planète mobilisée ? L’opinion mondiale face au changement climatique. EDF.